@emylit_tesratures

dimanche 16 juin 2019

❤️Chronique : La conjuration primitive ✍️de Maxime Chattam



Résumé : Une véritable épidémie de meurtres ravage la France. Plus que des rituels, les scènes de crimes sont un langage. Et les morts semblent se répondre d’un endroit à l’autre. Plusieurs tueurs sont-ils à l’œuvre ? Se connaissent-ils ? Et si c’était un jeu ? Mais très vite, l’Hexagone ne leur suffit plus : l’Europe entière devient l’enjeu de leur monstrueuse compétition. Pour essayer de mettre fin à cette escalade dans l’horreur, une brigade de gendarmerie pas tout à fait comme les autres et un célèbre profiler, appelé en renfort pour tenter de comprendre. De Paris à Québec en passant par la Pologne et l’Écosse, Maxime Chattam nous plonge dans cette terrifiante Conjuration primitive, qui explore les pires déviances de la nature humaine.

Titre : La conjuration primitive

Auteur : Maxime Chattam

Maison d'édition : Albin Michel
Genre : Thriller
Nombre de pages : 462
Tome 1 sur 3
Date de sortie : 2013
Lu en : version papier





La conjuration primitive, du très très sombre...

Des meurtres, tous plus sordides et barbares les uns que les autres, sévissent en France, et également en Europe. A première vue, aucun lien entre chaque. Modes opératoires différents, victimes différentes. Mais un symbole qui les relie tous. 
Alors qu'un tueur en série a normalement la caractéristique première de toujours agir seul, étant le seul à pouvoir comprendre, exprimer et jouir de ses fantasmes noirs, il semblerait bien que la donne ait changé... 
Une équipe de gendarmes en charge de cet immonde dossier, va descendre peu à peu dans les aspects les plus sombres de ce que peut être un Homme. 
Mais quel prix devront-ils payer pour mener à terme cette enquête ? 

Je ne vous redis pas toute l'admiration que j'ai pour cet auteur. C'est parfois assez difficile d'être totalement objective quand il s'agit de ses livres. Je crois que je dois être génétiquement programmée pour les aimer (en fait non c'est pas possible puisqu'il y en a un que je n'ai pas aimé !). 
Mais ce nouveau thriller a été à la fois déconcertant, époustouflant et... Wahou

Ne lisez pas, réfléchissez !

Vous savez quel est, selon moi, le plus gros point fort de Maxime Chattam dans ses livres ? La psychologie qu'il y met. Il ne se contente pas de vous écrire une petite histoire, un petit thriller, une petite enquête, pim pam poum le méchant est arrêté et tchao la compagnie. 
Non, il va beaucoup plus loin. Il vous fait réfléchir. Sur vous, sur ce qui vous entoure, sur le monde, la société, le bien le mal, ce qui est acceptable ou pas. Et c'est grâce au travail de recherche et au réalisme qu'il tient à apporter à ses livres qui permettent d'entrer à 100% dans l'histoire et de se prendre au jeu de ces interrogations. 
La conjuration primitive vous fera réfléchir. Sur la "place" des psychopathes dans le monde, des sociopathes et des tueurs en série. Sur leur "rôle" et leur "influence". Ca fait peur, très très peur. Mais vous ressortez de la lecture plus mature peut-être, parce que vous avez pris conscience de certaines choses. 

Cocorico les p'tits français !

Bref, mise à part la psychologie, que dire d'autre ? J'ai d'abord été sceptique sur cette histoire qui se déroule en France, avec une équipe de gendarmes. D'un coup j'ai trouvé ça bien moins "glamour" que les enquêtes américaines avec les profilers, le FBI et compagnie (oh yeah !). 
Finalement, ça passe, parce que cette petite équipe qu'on suit, est finalement très attachante et fait son boulot aussi bien que les américains (pas comme certaines séries françaises, pâles répliques mollassonnes de séries US à grand succès) . 
Donc on leur pardonne de n'être "que" français (à prendre à la plaisanterie bien sûr). 

La juste dose

Encore une fois, quand monsieur Chattam se lance dans un thriller, il ne le fait pas à moitié. Et petit à petit, on descend de plus en plus profondément dans la noirceur de l'Homme. C'est en réalisant cela qu'on trouve d'autant plus attachant le petit mot qu'il adresse à sa femme en début de livre, qu'elle a été la lumière qui lui permettait de le faire remonter de ces profondeurs. 
Il nous ne épargne pas, les crimes sont abjects, répugnants, mais détaillés. Pourtant, il ne tombe jamais dans le trop. Il n'y a pas de voyeurisme, toute la brutalité et l'horreur qu'il nous décrit a un sens, un but. Je le soupçonne vraiment de vouloir faire de nous des profilers aussi, de nous faire pénétrer dans la tête des tueurs, peut-être pour qu'il ne soit pas le seul à se plier à cet exercice effrayant finalement. 

L'enquête nous fait voyager. La Pologne puis l'Ecosse, puis le Québec. Et toujours de manière si réaliste qu'on pourrait presque y être nous aussi. Et nous voyageons également dans le temps, pour découvrir une autre horrible facette du nazisme et les lebensborn. (que je ne connaissais absolument pas) 
Comme à chaque fois, Maxime Chattam me balade de droite à gauche. 
Comme à chaque fois, impossible de deviner à l'avance ce qui nous attend au tournant. Nous sommes logés à la même enseigne que nos chers gendarmes : quand il y a un piège, nous tombons avec eux. 

J'ai une zone d'ombre, un point négatif à aborder. Je n'ai pas compris pourquoi, au milieu de tous les chapitres, un seul et unique chapitre se passait du point de vue d'un des tueurs (si je ne me trompe pas il n'y en a qu'un seul). Où est l'intérêt ? Y avait-il quelque chose de particulier à comprendre et je serais passée à côté ? Aucune idée... 

Un très beau personnage féminin

Alexis et Ludivine, nos deux gendarmes principaux, sont un peu les rayons de soleil de ce livre. C'est assez étonnant dans le sens où ce sont deux solitaires aux idées assez noires et qui se plongent corps et âme dans cette horrible enquête. Pourtant, leur façon de se questionner, d'avoir peur, d'être, tout simplement, en font les plus humains de tous. Ce sont de beaux personnages et d'excellents profilers ! Chapeau bas à Ludivine. Derrière la femme se cache une tigresse qui ne lâche jamais. 

J'ai envie de noter une petite réflexion que je me suis faite. J'ai souvent l'impression que dans chaque livre de Maxime Chattam, je retrouve un personnage qui me fait penser à lui. Pourtant je ne le connais pas personnellement mais dans leur façon d'être et de penser, je retrouve toujours un peu de l'auteur. Sur ce livre, j'ai eu cette impression avec le personnage de Mikelis, le criminologue. Son savoir, son "talent", et sa vision de la vie ont quelque chose d'inquiétant tout en étant passionnant. Un peu comme quand j'écoute Maxime parler de ses livres ! (Je suis en train d'écrire une tartine, désolée !!) 

Maxime Chattam fidèle à lui-même

La plume de l'auteur ne change pas. Elle vous agrippe dès le premier mot, et ne vous lâche même pas après le point final. Les mots restent ancrés en vous même après avoir terminé le livre. C'est cet aspect psychologique qui est incroyable. Il n'y a pas de temps mort. Tout s'enchaine à grande vitesse, avec des chapitres courts et fournis. Et chaque fin de chapitre vous laisse vraiment sur ce suspense terrible, qui vous pousse irrémédiablement à entamer le chapitre suivant (et quand vous êtes censé lâcher le livre pour X ou Y raisons, c'est hyper frustrant !!). 

Le livre est découpé en 3 grandes parties avec pour chacune des points de vue différents, nous obligeant à nous glisser dans la peau d'une nouvelle personne et d'ainsi voir les choses différemment. Là où je tire mon chapeau également, c'est que Maxime Chattam prend grand soin à développer ses personnages, mais ce n'est pas pour autant qu'il les épargnera, il leur fait vivre ce que le "destin" doit leur faire vivre, aussi bien dans le bon que dans le moins bon. 

Cherry on the cake !

Et je ne peux vraiment pas finir cet avis sans évoquer cet énorme clin d'oeil qui est fait à la fin. Je n'ai pas envie de vous dire ici en quoi il consiste car je sais que si j'avais été spoilée là-dessus j'aurais été terriblement déçue. Mais quand il y a... comment je vais appeler ça... cette irruption venue d'un autre temps (ou d'un autre livre), c'est dingue à dire, mais les larmes me sont montées. Plein de souvenirs qui reviennent d'un coup et ce bonheur (voire même la fierté) de recroiser ce chemin improbable. C'était trop court mais intense ! 

Pour conclure, un livre qui ne s'adresse bien évidemment pas à tout le monde. C'est gore, c'est sombre, très très sombre. Il faut soit avoir l'habitude de ce genre de lecture, soit être familier de l'univers de Maxime Chattam pour ne pas être choqué. Mais dans tous les cas, ça se dévore !



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire